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Ceci est un compte-rendu de mes efforts pour boucler la Ronde Aliénor d'Aquitaine en moins de 90 heures. La Ronde Aliénor d'Aquitaine est une course contre la montre de 1200 km.

Mon voyage en Aquitaine


Je tiens à m'excuser par avance de ne pas avoir de photos de la course. Je n'étais pas là pour faire du tourisme. J'ai dû prendre quelques photos dans le cadre du « Contrôle Libre. » C'est là que l'on prouve qu'on a passé un certain point en prenant une photo avec son vélo. Ce sont les seules photos que j'ai de la course.

Je pratique un sport qui s'appelle Randonneuring ou Audax en anglais mais qui ne semble pas avoir de nom en français. C'est un peu déconcertant mais j’apprends à vivre sans cette précision du langage. Les pratiquants font des randonnées appelées Brevet Randonneurs Mondiaux (BRM) de 200, 300, 400, 600 ou 1000km. Tout ce qui dépasse 1200 est appelé RM ou Randonnée Mondiale. Les organisateurs se réfèrent à plusieurs reprises à cet événement comme un BRM, ce que, encore une fois, je n'essaie pas de les faire changer d'avis.

La Ronde Aliénor d'Aquitaine est une Randonnée Mondiale de 1200 km qui a lieu tous les quatre ans. C'est une grande boucle qui couvre l'intégralité de la Nouvelle Aquitaine. Il comprend deux grands sommets montagneux, un voyage à travers le pays basque et traverse les stations balnéaires le long de la côte atlantique. Le barrière horaire est de 90 heures mais j'ai essayé de finir sous les 84 heures.

Le 2 juillet, j’ai pris le train pour Bordeaux. J'ai voyagé un jour plus tôt que prévu car il n'y avait pas de places pour les vélos le 3 juillet.

Bikes on the train

Je me suis assis sur le strapontin près de mon vélo pour pouvoir garder un œil dessus. Avec trois changements de train, la journée a été assez longue. Le strapontin est très inconfortable.

J'ai décidé de rouler en vélo de la gare du centre de Bordeaux jusqu'à mon hôtel à Saint-Médard en Jalles. Dans un effort pour maintenir le poids de mon vélo au plus bas, je n'ai porté que le strict nécessaire sur le vélo et le reste de mes vêtements et de mon équipement dans un sac à bandoulière. Cela s'est avéré être une erreur. Dans ma jeunesse, j'étais coursier en vélo et je portais beaucoup de poids sur mon épaule. Maintenant, cela me cause beaucoup de douleur et d'ecchymoses. On se souvient toujours de soi-même comme on avait 25 ans.

Je considère le RAA comme une version plus facile du Paris Brest mais c'est en fait tout aussi dur sinon plus dur. La différence est que c'est juste une course plus intéressante. Il y a beaucoup plus à voir. Des paysages plus différents et une cuisine plus insolite. J'ai vu l'océan et les montagnes. J'ai vu les pinèdes qui seraient en flammes quelques jours après mon passage sous elles. J'ai mangé un Poulet Basquaise au pays basque. J'ai aussi mangé du confit de canard en Périgord et bien d'autres plats savoureux. C'était tout un changement par rapport à ma dernière visite il y a quatre ans.

Je me suis levé à quatre heures le jour de la course. J'étais un peu inquiet. J'ai échoué à Paris Brest à cause de la douleur et d'une mauvaise planification. J'avais besoin de mettre ça derrière moi. Nous sommes partis par vagues de 20. Ma vague a commencé à 5h16. J'ai eu beaucoup de mal avec mon Garmin. J'ai dû m'arrêter pendant une bonne dizaine de minutes pour l'ajuster. J'ai finalement rattrapé ma vague environ une heure plus tard. Les vagues se sont rapidement désintégrées et nous nous sommes retrouvés avec juste des coureurs rapides à l'avant et des coureurs plus lents derrière. J'ai essayé de suivre le groupe le plus rapide mais j'ai été abandonné au bout d'une heure environ. J'arrive au premier contrôle Montpon Menesterol à 8h32. Je maintenais une vitesse moyenne de 27,5 km/h. Cela peut sembler un rythme rapide, mais cela me place à peu près au milieu du peloton. J'ai vu mon amie Valérie Flour pendant une fraction de seconde du coin de l'œil mais je n'ai pas pu m'arrêter pour lui dire bonjour. Valérie a écrit un merveilleux article sur son expérience chez CycloMag. Dans l'article, elle décrit les nombreuses aventures qu'elle a vécues, notamment comment elle a été invitée à un mariage pendant la course :


https://cyclotourisme-mag.com/2022/07/27/la-ronde-dalienor-daquitaine-une-aventure-autour-de-laquitaine-1-3/

https://cyclotourisme-mag.com/2022/07/28/la-ronde-dalienor-daquitaine-une-aventure-autour-de-laquitaine-2-3/

https://cyclotourisme-mag.com/2022/07/29/la-ronde-dalienor-daquitaine-une-aventure-autour-de-laquitaine-3-3/

 

Voici quelques photos du départ et du premier contrôle :

https://photos.google.com/share/AF1QipPQ8i1fjz_pX7i-ai9tTznBAmGo0Dp0xIREenrhoIz3PsmY81CGjMAtiz5U66tjoA?key=VlY1ZmgxWVdSelc1X2JEbDNnbkxzRWRlMGRnQUl3

 

C'est une photo de moi :

me at montpon control

Sur la photo, vous pouvez voir que je porte un petit sac à dos pliable. Ce sac a dos contenait ma nourriture. J'ai emporté une douzaine de barres énergétiques fait-maison. C'est une assez grande quantité de nourriture qui a durée pendant quatre jours. Cela me laisse perplexe de savoir comment les autres cyclistes se débrouillent sans les calories énergétiques. J'avais déjà eu mal à l'épaule pour avoir porté mon sac en bandoulières deux jours auparavant, et maintenant même ce petit sac à dos me mordait les épaules.

La première journée est passée rapidement. Je me suis perdu à l'extérieur de Vaunac et j'ai fait trois kilomètres hors de mon chemin. Dans l'ensemble, j'étais très content de ma première journée. J'ai dormi à Agen et j'ai parcouru 411km en 19 heures.  Ma moyenne de la journée était de 21,4km/h. Une très bonne vitesse. J'ai dormi environ quatre heures. Le lendemain m'emporta dans les montagnes.

Deux cent quatre cyclistes ont pris le départ de la course. Seuls 160 sont restés à Soumoulou à environ 576 km. J'ai commencé à gravir la montagne dans l'après-midi. Il y avait un contrôle secret à mi-chemin du Col du Soulor. J'y ai rencontré Maurice Porte. Il est responsable des Randonneurs Autonomes Aquitains, l'un des rares clubs en France à se concentrer sur le cyclisme d'ultra distance. Je suis arrivé au sommet du Col d'Aubisque en plein jour :

Col d'Aubisque

Notez les gants complets, la veste de pluie, le couvre-casque, les manchettes et le gilet réfléchissant. A noter également que ma très grande sacoche de selle est encore pleine. À ce stade, j'ai transféré ma nourriture dans mon sac de selle. C’est devenu une grosse boule de barres énergétiques, mais au moins elles étaient sur mon dos. Il m'a fallu une heure pour aller du sommet de la montagne à Beost suivi d’un dîner bien mérité. Je n'avais plus de sensation de mes mains ou mes pieds à ce moment-là. La douleur constante dans mes épaules affaiblissait mes bras. J'ai gardé la même position sur le guidon. C'était douloureux mais je pensais avoir la situation sous contrôle. C'était en principe la dernière longue descente! Il faisait très froid à Beost quand je suis arrivé vers 20h00, malgré que le soleil soit au rendez-vous. J'ai décidé de continuer. Je suis arrivé à Sauveterre de Béarn à minuit et j'y ai dormi jusqu'à cinq heures. J'ai continué avant l'aube. J'ai rencontré deux autres cyclistes sur la route et nous avons convenu de rouler ensemble pour maximiser la lumière. L'un des cyclistes avec qui je roulais a eu une crevaison environ une heure plus tard, alors nous nous sommes tous arrêtés. Pendant la course, nous ne sommes pas autorisés à prêter assistance. Je me suis simplement tenu debout et j'ai braqué une lumière sur lui pendant qu'il réparait le pneu. Cela s'est avéré être un délai assez long. J'ai continué mais le soleil était déjà dans le ciel et j'étais maintenant un peu en retard sur le gros des cyclistes. Je suis arrivé à St Jean de Luz à 10h19. J'étais très fatigué et j'avais faim. J'ai mangé un énorme repas et j'ai continué sous la pluie battante. Le parcours entre St Jean de Luz et Mimizan prenait une tournure très vallonnée avant la pinède. La forêt est vaste et la route est principalement en descente sur 100 km. Lorsque j'ai passé le contrôle à 15h00, je me suis allongé sur l'herbe et je me suis endormi pendant environ 45 minutes.

Controle Libre du Biarrotte

Les forêts de pins défilaient comme un éclair. Je suis tombé sur un gars de l'ACP qui était très rapide. J'ai dû rouler à 45km/h pendant plusieurs heures. Je suis arrivé à Mimizan vers 19h03. Dîner rapide et retour à ma machine de torture. Je souffrais un peu à ce moment-là. Je ressentais une faiblesse dans mes bras et une douleur choquante à l'arrière. Cela m'a tenu éveillé. Je suppose que c'était une bonne chose. C'est aussi là que j'ai rencontré les gars d'Anjou, environ cinq d'entre eux. Ils avaient tous décidé d'utiliser des sacs à dos pour transporter leurs vêtements et leur nourriture. Cet homme, Lionel Delahaie, avait développé une paralysie de l'épaule droite. Il n'a pas été en mesure d'utiliser son levier de frein droit ou son levier de vitesses droit:

Lionel Delahaie

Il a chuté plusieurs fois. Malgré cet incroyable handicap, il a tenu plus de 500 km et a terminé la course dans le temps imparti.

J'ai roulé avec eux pendant plusieurs heures. Lionel avait des problèmes et s'est arrêté pour se reposer alors j'ai roulé en solo.

J'ai passé un Contrôle Libre au Muret:

Control Libre a Le Muret

J'aime cette image. Cela me parle.

J'ai roulé toute la nuit. La piste cyclable d'Andernos-les-Bains est un chemin très étroit et entouré de part et d'autre de fougères défilant au-dessus de ma tête. J'ai roulé avec un groupe de cyclistes très rapides dans cette goulotte raide, pendant ce qui m'a semblé être des heures. La vitesse était décidément dangereuse. Un sanglier a sauté sur le chemin directement devant nous. Le gars devant moi a crié et a appuyé sur les freins. Mes réflexes n'étaient pas si bons mais j'ai freiné furieusement et j'ai tiré les leviers comme si ma vie en dépendait. J'ai réussi à éviter de le frapper et le cochon s'est enfui. Nous avons continué à vive allure en arrivant à Andernos- les-Bains à 1h30. Je me suis allongé dans le gymnase non chauffé et j'ai essayé de dormir. Il faisait très froid. J'ai fouillé dans mon sac à la recherche de vêtements. J'ai trouvé un t-shirt et mon gilet réfléchissant. Comme un idiot,  j'ai négligé la couverture d'urgence que je porte toujours avec moi. Je l'ai tenu dans ma main et j'ai dit "C'est pour les urgences. Je n'ai pas d'urgence maintenant." Je me suis recroquevillé et j'ai frissonné.

Le lendemain, j'ai dormi trop longtemps. Je me suis levé à six heures et je ne me suis même pas rasé ni pris de douche. J'ai pris un café et je me suis dirigé droit sur le vélo. Avant d'arriver à Hourtin, j'ai de nouveau croisé la route de Lionel. Il n'allait pas bien et je lui ai dit de continuer jusqu'au bout.  Ses collègues perdaient patience avec lui parce qu’il a malheureusement fait une nouvelle chute. Ils ont appelé une ambulance qui l'attendait à Hourtin. Il n'y avait que 80 km à parcourir et il était enthousiaste à d'aller jusqu'au bout. C'est le conseil que je voudrais entendre si nos positions étaient inversées.

 

Je suis arrivé à St. Medard en Jalles à 14h52. Je me sentais comme un héros. J'avais terminé la course en moins de 82 heures comme je l'avais prévu.

J'ai fait une longue sieste et j'ai fêté mon anniversaire :

Paris Brest for birthday

C'était une course brutale et pendant l'événement, je ne pouvais que penser à quel point je souhaitais que ce soit fini, mais maintenant je suis heureux de l'avoir fait.
Je vais essayer une fois de plus le Paris-brest à Rambouillet et cette fois je vais réussir!

 

 

 

 

 

 


Commentaires

PHILIPPE FORGEROT le lundi 08 août à 21:25

BRAVO DAVID ! super reportage , nous sommes fiers de toi 

amitiés 

Philippe 

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